Sutigi (à nous la nuit)

Sutigi (à nous la nuit)

La série Sutigi – A nous la nuit renvoie au bel âge de la jeunesse caractérisée par l’insouciance et le désir de liberté. Le point de départ de ce travail était une recherche sur mon univers vestimentaire, celui lié à ma propre jeunesse. À travers les tenues modernes que chacun aime enfiler la nuit pour sortir ou se promener dans le quartier avec des amis, j’ai progressivement porté mon regard vers mes connaissances. Puis je me suis tournée vers des jeunes de différentes nationalités, ceux rencontrés au gré des hasards et de mes déplacements. En Afrique, les jeunes filles aiment particulièrement jouer avec cette élégance vestimentaire. De nombreux d’accessoires (lunettes ceintures, chaussures, etc.) complètent l’accoutrement de la jeune fille dans le vent. Je m’intéresse aussi actuellement à l’élégance masculine, à ses détails, à sa discrétion. C’est aussi une façon de se déplacer, de séduire et d’exister, qui s’associent à un rythme, et un style de vie, singuliers.

Fatoumata Diabate / Sutiki

Comment est née l’idée de réaliser la série « Sutigi » ?
Cette série a débuté en 2004 à Bamako, puis elle s’est poursuivie dans d’autres villes du monde, en Afrique du sud, au Congo, au Sénégal, et je souhaite, à l’avenir, la développer ailleurs encore. C’est la même jeunesse que l’on retrouve partout, le même esprit. Avec parfois des différences bien sûr. Par exemple en Afrique du Sud, les jeunes sont libres le jour comme la nuit. Donc j’ai fait là-bas beaucoup de photographies de jour. Au Mali, ou à Brazzaville par contre, on est plus libre la nuit que le jour. Donc j’ai fait des images de nuit. J’ai d’ailleurs éliminé mes photos faites en Afrique du Sud de la série de Sutigi, car je l’ai ai prises de jour et j’ai voulu me concentrer exclusivement sur l’atmosphère nocturne et sa liberté.

Et depuis 2004, votre conception de la série a-t-elle évolué ?
Ce travail est devenu un réflexe, une quête incessante rattachée à une envie irrépressible de me rapprocher de ces jeunes personnes, à ma façon, et d’entrer en contact avec eux. On remarque cette aisance fréquente devant la caméra, cette fierté presque. Puis on accède à la singularité et à la complexité de chacun, toutes deux liées au moment de notre rencontre. En m’intéressant à cette jeunesse, je livre un témoignage sur mon époque, sur nous, les jeunes, qui au regard de nos traditions, se sentent mieux la nuit que le jour.