Comme un clin d’oeil ou un hommage à la photographie Africaine des années 50-60, j’ai décidé de créer un studio photographique en pleine rue afin d’interrompre les gens et leur proposer de venir se raconter.
Un espace est prêt et à portée de main.
Nourrie du travail de Seydou Keita, Malick Sidibé,Youssouf Sogodogo, Abderramane Sakaly, Albert Georges Lutterordt,
Samuel Fosso, je fais un point sur ce qui m’attire dans leurs regards. C’est avant tout cette ambiance sociale, cette spontanéité qui m’interpelle.
Soucieuse de récréer, à mon époque, ce type de liens, ce moment de dialogue singulier entre le sujet et le photographe, je me laisse guider par les rencontres. Mes premiers essais sont à la hauteur de mes espérances : Les gens invités dans mon studio photo sont a la fois surpris et heureux de découvrir la technique d’une autre époque et d’une autre culture. Ils en retirent une certaine fierté et aussi un amusement.
Chacun a déjà doucement rigolé ou s’est franchement esclaffé à la vue d’une photo de ses parents datant des années 50, 60. Sur ces images en noir et blanc, on s’amuse à détailler un certain manque de civilisation en voyant leurs positions statiques révélant tout le sérieux de l’exercice de la prise de vue. C’était aussi un évènement rare auquel il fallait se préparer.
Au commencement de ce projet, il y a l’envie de rendre hommage aux photographes africains ayant exercé avec le studio ambulant. Avec l’idée de l’internationaliser, je souhaite jouer et explorer au maximum le principe de mobilité. À travers cette démarche, je rencontre un pannel étonnant de personnes et de contextes. De la ville à la campagne, d’une culture à l’autre, j’invite dans l’espace du studio photo, les participants à interagir et se glisser dans une époque déterminée (50-60).
C’est à travers des costumes, des accessoires et d’autres éléments que les gens rentrent progressivement dans un rôle, qui leur est propre, singulier mais qui parfois aussi leur échappe partiellement ou totalement. Il est possible, comme à l’époque, de venir à la séance avec ses propres accessoires. La mise en scène de soi se prépare d’un coté comme de l’autre. C’est maintenant à moi de les guider pour la prise de vue finale. Un décalage s’instaure entre les poses recommandées, les années de référence et l’époque où nous nous trouvons véritablement. Autant de détails avec lesquels jouer et s inspirer.